Pédalez avec nous!

ESF (le vélo générateur) interroge la faculté d’indépendance des artistes et des institutions. Dans un milieu où l’exposition bat son plein surtout au moment où le public est « rincé à l’œil », il est important de réfléchir quelques instants à la façon dont les subventions publiques sont utilisées et pourquoi on subventionne? Que permet l’indépendance? Les artistes subventionnés sont-ils des fonctionnaires comme les autres? Sommes-nous privilégiés par ce statut étrange dont nous jouissons?Pourquoi l’artiste a-t-il droit à des faveurs exceptionnelles de la part de l’état et qu’est-ce-que cela signifie? Comment critique-t-on son mécène, et autrement dit, qu’arrive-t-il à l’artiste qui crache dans la soupe?

Le principe des subventions donne à ceux qui en disposent visibilité et confort matériel. L’argent qui est engagé permet des luxes, des folies qui ne seraient pas possibles autrement. Dans le rapport trouble qu’entretiennent art et argent, une seule chose est sûre: l’art n’existe pas avant tout pour nous à des fins spéculatives, et si c’est le cas, il devrait sérieusement se poser des questions sur ses finalités.

Réalisé pendant une résidence d’artiste au lycée agricole le Chesnoy à Montargis, « un partenariat DRAC – DRAF – Région Centre », ESF est un projet qui a le mérite de poser le doigt sur la question épineuse de l’argent public dans un contexte artistico-agricole, et de mettre en vis à vis le statut de ces deux catégories socio-professionnelles, qui se découvrent des point communs, pour mieux cerner le problème. Si ESF, a été l’occasion d’expérimenter ce qu’est la fabrication bureaucratique de ce que peut être de l’art (l’artiste n’est ce qu’il est que par sa compromission avec l’institution, etc.), cela s’est fait à la force des jambes: toute l’énergie humaine et renouvelable cumulée de toutes celles et ceux qui ont bien voulu se prêter au jeu a permis de mettre en place un îlot d’indépendance (qui à « remuer le couteau dans la plaie »).

ESF (le vélo générateur) a été montré dans diverses expositions ou performances à Vitry, Mulhouse, Montargis et Orsay. Conçu et réalisé en collaboration avec Jean-Jacques Durand, enseignant au Chesnoy.

Un partenariat EDF, DRAC – DRAF – Région Centre, 2007.

 

Quelques images et une courte video au HSF Festival du /tmp/lab/ en 2008.

Le bûcheron

Il y en a qui sont là pour saper
les fondations d’organisations
bien structurées
auxquelles il n’y a rien à reprocher
n’est-ce-pas?

Le bûcheron est là pour abattre
les troncs de ce dont en quoi tu as toujours cru.
Pourquoi fait-il çà celui là?
Est-ce-qu’il ne pourrait pas, comme chacun
entrer dans le cercle de la belle illusion
et défendre les intérêts
des organisations douteuses.

Le bûcheron attaque profondément
la base du tronc pour provoquer
la chute de la cime.

Il y a de nouvelles sortes de bûcherons.
Certains parviennent à provoquer la
chute de véritables montagnes:
même les cimes enneigées sont pour eux
des objectifs à abattre,
Les bûcherons de l’immatériel n’ont
même plus besoin d’une cible physique:
ils atteignent leurs buts avec une hache
au tranchant d’autant plus démultiplié
que leur manche est de taille
infinie.
D’autres grimperont jusqu’à la cime,
afin de couper les pousses de plus jeunes, puis
le long des branches,
du tronc,
continueront leur carnage,
iront jusqu’à s’enfoncer dans le sol
pour atteindre les racines
les plus enfouies
des organisations bien structurées.

Vous ne pourrez pas nous arrêter car
nous n’agissons pas par intérêt:
nous sommes animés par le tranchant de notre hache
mais notre hache n’est pas un outil:
elle ressemble plus à une partie de notre corps
ou
peu à peu en est devenue une.

Jamais nous ne vous laisserons faire.
Toujours vous devrez supporter les coups répétés
de nos membres sur vos racines.
Jamais nous ne vous laisserons prospérer
et intégrer vos règles à l’ordre commun
puisque ces règles
c’est vous qui les avez inventées,
personne
d’autre que vous n’a
participé à l’élaboration
de ce que vous considérez comme des lois:
qui n’ont jamais été formulées
jamais écrites,
jamais définies,
donc toujours en perpétuel changement
selon les nécessités et les besoins.

Si au moins vous les aviez gravé dans le bois,
nos haches auraient lacéré vos écrits.
Mais il n’y avait aucun arbre,
aucune planche où nous pouvions porter nos coups.
Avec toutes nos excuses si
quelqu’un parmi vous un jour,
se retrouvait avec une entaille
profonde dans son corps.

Ceux qui effacent

Ce qui est écrit ne devrait pas
pouvoir être effacé
Sinon comment expliquer
les lignes de conduites,
les engagements collectifs:
retourner sa veste est trop simple
ce n’est pas parce que tu as une garde robe
limitée que
porter tes propres fringues à l’envers n’est pas possible.

Ceux qui effacent apprécient
la disparition
des doutes
des échecs
de nos faiblesses.
Ceux qui effacent savent que mieux qu’effqcer
Il vaut mieux que rien n’ai jamais été écrit.
Effacer, détruire,
est propice à laisser des traces
éternelles
irréversibles.
Les effaceurs de pensée ,
ceux qui œuvrent dans 1984
sont les plus subtils
puisqu’ils ont à la fois
la capacité d’effacer des pensées
qui n’ont jamais existé, et
de détruire celles existantes  mais
une pensée effacée existe-t-elle encore:
aucune trace ne peut en attester.

Voila pourquoi les travailleurs de la pensée
doivent continuer à lutter
pour rendre tangible et à
objectiver
ce que ceux qui tentent d’effacer ne pourront
jamais
détruire.

Écosystème

01 L'idée est la première étape du processus.
02 L'idée est insérée dans le fichier (par le processus)
03 L'idée vient du discours (tenu sur le projet)
04 L'idée arrive parce qu'il n'y a plus de temps.
05 Les idées constituent le projet.

06 Le processus permet de faire évoluer les idées.
07 Le processus permet de remplir le fichier (idées + discours).
08 Le processus permet de générer du discours.
09 Le processus permet de gagner du temps.
10 Le processus permet de mettre en place le projet.

11 Le fichier est constitué des idées.
12 Le fichier est rempli et vidé à l'aide du processus.
13 Le fichier est constitué du discours.
14 Le fichier archive les idées, ce qui permet de les oublier.
15 Le fichier génère un projet.

16 Le discours oriente les idées.
17 Le discours analyse le processus.
18 Le discours parle du fichier.
19 Le discours permet de mettre en relation différents temps du projet.
20 Le discours est un constituant du projet.

21 De temps en temps, des idées apparaissent.
22 Le temps qu'il faut pour appliquer le processus.
23 Le temps est suspendu dans le fichier, le processus y est à l'arrêt.
24 Le temps du discours (le temps de la lecture)
25 Les temps différents contenus dans le projet lui donnent un forme.

26 Le projet est actualisé par les nouvelles idées.
27 Le projet est constamment actualisé par le processus.
28 Le projet se met en place lorsque le fichier est actualisé.
29 Le projet et le discours sont indissociables.
30 Le projet est ce qui met le plus de temps à se mettre en place.

Le miroir de la réalité

me courir après
etre épuisé d’insomnie
les coudes sur le visage.
Dormir de grace
Cela ne change rien pour moi
est ce vrai ?

des picotements, dans les paupières
aux détours des rayons
le soleil refuse d’entrer au sous sol du supermarché
je sème ma vie dans la sienne.
Ne jamais penser à quoi dire,
le dire
Fluidifier
Cela change tout
Essayer on verra bien
Le dela des espérances.
Electrochoc dans le corps.
Le feu dans les pupilles
tu peux pas faire comme tout le monde.
On a vu des loutres.
Tout ce qu’on a fait,
j’en ai plein le cerveau.

C’est marrant maintenant j’accepte la realite
On inverse les rôles.
Aucunes habitudes.
Le miroir bouge
le frigo vibre.